C’est une fille de haute liesse, à prendre la vie en proue, hisser les heures à vive allure. Une femme libre de son essor, destinée à être maîtresse. Elle exècre son ombre, sa chaleur, sa voix. Ne supporte plus son odeur ni le bruit de sa vie. Une femme d’espace amoureux saturé de miel et d’ombres intimes, de fière approchée, de tressaillement secret. Elle s’obstine à embraser la neige, à interrompre le silence. Elle veut ne plus vouloir sans jamais vouloir ce qu’elle ne veut. A l’aigu de la fatigue elle vacille mais demeure debout. Elle crie son corps de partout. Brûle. Implore : aime moi. Elle est de ce qui croît, persiste et tient. Arpenteuse chargée du poids léger de l’amour. Elle dort. Et le monde alentour tait sa trépidante vigueur.
Texte court inspiré des écrits de Colette Nys-Mazure dans Singulières et plurielles, à base de phrases piochées ici et là et d’un soupçon de réécriture, pour dresser le portrait d’une femme.