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Le manoir de l’intrigant
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Aux anges improvisés rêvant à la gloire
Je dis sans prétention qu’à toujours trop vouloir
Eux qui volent si haut risquent aussi de choir
Car dans ce joli monde au delà du miroir
Il existe une lente ronde triste et noire
Que dansent les immondes ombres de l’espoir
Sans fin et sans repos autour du grand manoir
Où liquide rubis, élixir défouloir,
Se mêle à l’envie et coule à flot du ciboire,
Les éternels fleuves, éphémères mémoires,
Jaillissent du poison et l’on ne peut y boire,
Sous l’œil plein de questions – en somme inquisitoire –
De l’aigle de raison au bec de pur ivoire
L’homme comme les autres cherche un exutoire
En des chants déchaînés à voie expiatoire,
L’air y est si brûlant que l’on ne peut y voir
Et des cris déchirants venant des abattoirs
Couvrent de leur bruyant les uniques dortoirs,
Berceuse apaisante pour épris d’illusoire,
Il est de ces chimères aux dents blanc rasoir
Que, malgré tous les dieux et paroles des Moires,
Dévots ou sceptiques se refusent à croire
Préférant se cacher de leurs peurs dérisoires
Dans une infinité de portes et couloirs;
Alors quand toi, lecteur, arrivera ton soir,
Quand tu me rejoindras au bout de ce couloir,
Quand je t’accueillerai dans mon humble boudoir
Un grand sourire aux lèvres et l’œil plein d’espoir
Me laisseras-tu t’offrir quelque philtre à boire
Et me conteras-tu ta belle et triste histoire ?
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Le saviez-tu ? Une écumoire (nom féminin) est un ustensile, le plus souvent de cuisine, servant à enlever l’écume, les impuretés. Je voulais en faire l’une de mes dernières rimes mais je n’ai trouvé d’endroit où la placer…
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Originellement
[Les éphémères fleuves, éternels de mémoire,]
et
[Apaisante berceuse pour épris d’illusoire,]
formes modifiées pour des raisons de forme mais appréciées dans le style.